Le Bujinkan

Naissance du Bujinkan et de ses 9 écoles Ninja et Samourai...

Préambule

Les guerres incessantes qui ont ponctué l’histoire du Japon ont eu pour effet de générer la création d’innombrables écoles enseignant les Arts guerriers.
Si nombre d’entre elles ont disparu avec leurs héritiers lors des combats, certaines ont traversé les siècles pour arriver jusqu’à nous.
Ainsi en est-il de 9 écoles anciennes dont Masaaki Hatsumi a hérité le titre de Soke…

Naissance du Bujinkan

Masaaki Hatsumi Sensei a commencé par étudier les Arts Martiaux modernes, ses capacités lui avaient permis d’obtenir les grades de 6ème Dan de Karaté, 4ème Dan de Jûdô, et Shihan d’Aikijutsu.

Alors qu’il enseigne le Jûdô à des militaires Américains sur la base de Yokota, il est violemment contré par un de ceux-ci qui utilise sa puissance musculaire.
C’est pour lui une totale remise en question des Arts Martiaux modernes.
Il prend contact avec Ueno Sensei qui enseigne à Noda, sa ville, les Arts Martiaux anciens et étudie avec lui pendant quelques années et devient le plus compétent de ses élèves. Ueno Sensei lui parle d’un maître extraordinaire qui vit très loin à Kawashibara.

C’est ainsi que Masaaki Hatsumi alors âgé de 25 ans fit la connaissance de Toshitsugu Takamatsu âgé de 70 ans.
Lors de leur première entrevue Takamatsu Sensei demanda au jeune Hatsumi de l’attaquer. La façon avec laquelle ce vieil homme se jouait de ses attaques lui fit prendre conscience qu’il aurait pu le tuer ou le maîtriser à chaque instant.

Pendant 15 ans, Hatsumi Masaaki fut un élève remarquable et à la mort de son maître, il hérita du titre de successeur héritier dans 9 écoles que Takamatsu Sensei lui avait enseigné. Il créa le Bujinkan (Maison du Dieu de la Guerre) en hommage à son maître, dont un des nombreux surnoms était "Bujin": «Dieu de la Guerre». Datant du IXème siècle au XVème siècle, ces méthodes de combat créées sur les champs de batailles du Japon féodal ont su s’adapter à leur époque et à l’évolution des armes et stratégies nouvelles.

Il se définit comme un Jûjutsu japonais véritable et complet qui, comme par le passé, comprend des techniques à mains nues et avec armes.

Organisation et développement du Bujinkan

A partir des années 70, Hatsumi Sensei accepte d’ouvrir son dojo aux occidentaux et rédige un programme technique mieux adapté à notre mentalité : le «Ten Chi Jin Ryaku no Maki».
Il s’agit d’un tronc commun aux 9 écoles permettant aux élèves d’appréhender la complexité des différents systèmes d’une manière simple.
Le Bujinkan finit donc par devenir International, et son enseignement est maintenant présent un peu partout dans le monde.
Néanmoins, avant de pouvoir comprendre l’ensemble des techniques de ce programme, le pratiquant est invité à travailler intensément les cinq modules fondamentaux qui sont d’un accès relativement plus simple.

Compétition au Bujinkan

Les compétitions sont interdites dans le Bujinkan.
Le Bujinkan enseigne les arts martiaux anciens pas le sport moderne.
S’il y avait des compétitions, il faudrait limiter les coups, réglementer les combats, limiter l’aire de combat et instituer des catégories de poids et d’âge.
Cela ferait perdre au Bujinkan son sens du réel puisque dans nos techniques, toutes les armes sont autorisées et qu’il n’y a pas d’interdit.
Le Ninjutsu du Bujinkan enseigne le Bugei, la stratégie et les arts militaires du Japon féodal.
Si la compétition vous attire alors choisissez plutot un art martial qui en fait. Etre vrai est notre but aussi bien sur le Tatami que dans notre vie quotidienne.
Cette dangerosité potentielle de l’entraînement au Ninjutsu est ce qui nous permet de nous dépasser sans pour autant nuire à autrui.
Le Ninjutsu du Bujinkan vise au respect de l’autre.

Et rappelez-vous que le Ninja ne cherche jamais à gagner, il cherche à ne pas perdre.
Le système Bujinkan comprend l’étude de 9 écoles traditionnelles anciennes, ainsi nous pourrions dire que nous n’étudions pas un Art Martial mais 9 Arts Martiaux.

Ainsi, au sein du Bujinkan nous étudions :

4 écoles (ou styles) de Bujutsu (combat à mains nues, combat avec et contre armes) fondées par des Bushi (Samurai) puis intégrées et utilisées par des familles Ninja.
2 écoles (ou styles) de Bujutsu (combat à mains nues, combat avec et contre armes) fondées et utilisées par des Bushi et sans lien direct avec les Ninja.
3 écoles (ou styles) de Ninjutsu (espionnage et combat) fondées et utilisées par des familles Ninja.

Ces écoles et leurs spécialités:

Gyokko Ryû – Kosshijutsu:
Technique des doigts et des os, utilisation des extrémités, combat à mains nues, attaque des points vitaux.

Kotô Ryû – Koppô Jutsu:
Méthode des os, briser les os, enseignement ésotérique.

Gikan Ryû – Koppô Jutsu:
Frappes et projections.

Kukishinden Ryû – Happô Hiken Jutsu:
Armes, combat en armure et à mains nues, stratégie.

Takagi Yôshin Ryû – Jutaijutsu:
Techniques du corps en souplesse , combat à mains nues et contre armes.

Shinden Fudô Ryû – Dakentaijutsu:
Frappes avec les armes du corps, frappes, contrôles, combat à mains nues, sabre, yari.

Togakure Ryû – Ninjutsu:
Endurance, espionnage, discrétion, infiltration, combat mains nues, shuriken, shuko, metsubushi, ken, enseignement ésotérique.

Gyokushin Ryû – Ninjutsu:
Espionnage, combat.

Afin de permettre à chacun d'aborder l'étude des 9 écoles du Bujinkan, Hatsumi Sensei a dû formaliser son enseignement en créant un programme spécifique, tronc commun reprenant l'essentiel des techniques contenues dans les écoles et qui constitue la base de l'enseignement du Bujinkan à savoir:

Déplacements ou apprentissage du déplacement ainsi que techniques de frappe.

Ukemi (chutes et acrobaties, sauts, marches, escalades...),
Kamae (poses de combat, postures, gardes),
Gogyo ou Sanshin No Kata (travail des 5 éléments: Terre, Eau, Feu, Vent, Vide),
Kihon Happô No Kata (8 enchainements de base),
Mutô Dori (déplacements de base contre sabres),
Hiken Juroppô (armes naturelles du corps pour frapper)

Techniques de combat à proprement parler

Hajutsu Kyuhô (9 méthodes de dégagement)
Gyaku Waza (clés et luxations)
Nage Waza (projections et mise au sol)
Shime Waza (étranglements et compressions)
Torite Waza (contrôles et immobilisations)

Ainsi qu'une soixantaine d'enchainements codifiés (Kata), issus des 9 écoles du Bujinkan.

Ils constituent la mise en application des principes de déplacement avec les techniques martiales.

Chaque enchaînement porte un nom et est transmis depuis plusieurs générations dans l'école.
Il contient un ou plusieurs principes importants à travailler.

Etudier tous ces enchaînements nous amène donc à travailler de multiples réactions possibles face à toutes sortes d'attaques (saisie, frappe, tentative de projection...).

Enfin, l'apprentissage des armes s'effectue au fur et à mesure de la progression.

Le Ninjutsu

Le ninjutsu est un ensemble d'arts et techniques d'origine traditionnelle, pratiqué par certains espions du Japon féodal, les shinobi, plus connus en Occident sous le nom de ninja. De nos jours, de nombreux styles d'arts martiaux modernes se réclament du ninjutsu, mais à l'origine il ne s'agit pas tant d'un art martial que d'un talent d'espionnage fait de ruse et tromperie. Cette discipline particulière était enseignée dans certaines écoles traditionnelles japonaises, généralement à côté et en complément d'arts martiaux

Les termes utilisés pour décrire l’Art du Guerrier de l’ombre n’ont pas leur équivalent immédiat dans une langue autre que celle du Japon. Le kanji chinois (idéogramme) "Nin" de NinJutsu signifie: endurance, persévérance, prévoyance tant sur le plan physique que psychique. "Nin" signifie également: à la dérobée, secrètement, en cachette. Le même kanji peut aussi se lire Shinobi, exprimant le caractère du ninja: espion.

Le ninjutsu est donc l'art de la persévérance et les pratiquants sont des ninjas.

L'essence de tous les arts martiaux et des stratégies militaires consiste à se protéger du danger et à la devancer. Le Ninjutsu est la traduction la plus complète qui soit de l'idée de se protéger en pratiquant les arts martiaux.

En effet, l'art du Ninja s'attache à protéger non seulement le corps mais également l'esprit et l'âme.

La Voie du Ninja consiste à endurer, survivre et à vaincre tout ce qui pourrait le détruire. Loin de se résumer à une série de coups, de tranchants et de techniques pour tromper l'ennemi, le Ninjutsu est la Voie qui permet de satisfaire nos besoins tout en faisant du monde un meilleur endroit où vivre.

Avant d'entreprendre l'étude d'un art martial quel qu'il soit, il est essentiel que les motivations soient justes. Si l'on ne dispose pas de l'état d'esprit requis, un apprentissage assidu des techniques de combat peut s'avérer non pas enrichissant mais maléfique. Les techniques d'auto-protection qui devraient procurer un sentiment de paix et de sécurité intérieure à celui qui pratique, se travaillent souvent sans que la personnalité du pratiquant ne participe à l'effort, de sorte que ceux de moindre envergure sont happés et dégradés par des conflits incessants qui finissent par les détruire.

Si un expert en technique de combat cherche sincèrement à atteindre l'essence du Ninjutsu et détruit par tous les moyens les désirs de son ego, alors ses élèves apprendront peu à peu le secret ultime du Budô.

En ouvrant ses yeux et son coeur, le Ninja peut réagir de façon adéquate aux subtils changements de raisons et de décisions célestes, de façon à ce qu'il n'existe pour lui une chose telle que la surprise.

Sensei Takamatsu Toshitsugu
33e Grand Maître du Togakure Ryû Iga Ninja

Le Ninpô Taijutsu

Notre discipline, s'est appelée Ninjutsu jusqu'en 1995 puis Budô Taijutsu. En 2003, elle est devenue Ninpô Taijutsu. Le Budô est le nom générique donné aux différents styles de combats développés sur l'archipel Nippon. Le Ninjutsu n'est qu'une partie du Budô japonais. Bien que réputé dans le monde entier, le Ninpô TaiJutsu est un art martial japonais qui reste assez méconnu en France.

Il se compose de deux groupes d’idéogrammes : Ninpô Loi de la persévérance et de l'adaptation et Taijutsu Techniques de combat à mains nues et avec armes.

Le Ninpô Taijutsu du Bujinkan Dôjô est composé de plusieurs modules. Le premier module est une synthèse des différents principes communs aux neuf écoles. Il s'appelle le Ten Chi Jin Ryaku no Maki.

Le Ten Ryaku ou principe du Ciel est l'ensemble des déplacements du corps dans l'espace.

Le Chi Ryaku ou principe de la Terre est l'ensemble des techniques de corps à corps.

Le Jin Ryaku ou principe de l'Homme est l'ensemble des combinaisons entre les déplacements et les techniques de corps à corps.

Une technique "Jin" est toujours une combinaison de "Ten" et de "Chi".

La connaissance du Ten Chi Jin Ryaku no Maki permet d'atteindre Ia ceinture noire. Être ceinture noire (Shodan) signifie "avoir compris les bases de l'art martial". Être ceinture noire n'est pas une fin en soi... C'est au contraire à partir de ce moment que le véritable travail peut commencer.

Le second module est l'étude des neuf écoles regroupées au sein du Bujinkan Dôjô. Les neuf Ryû ont tous des techniques particulières. Dans ces deux modules, le travail des armes est important. Le Bujinkan considère que l'arme est une extension du corps. Toutes les techniques à mains nues peuvent se faire avec arme. Le pratiquant doit simplement prendre en compte et s'adapter aux spécificités de chaque arme – outil lors de son utilisation (poids, taille, longueur, résistance). Le pratiquant avancé développe une sorte de sixième sens et devient capable de "sentir" les possibilités et les équilibres de l'arme dès sa prise en main.

Toute technique est régie par des principes qui Iui sont propres. Une fois les principes assimilés, le travail des armes devient simple. Cette notion de principe est primordiale pour Ia compréhension du Ninpô Taijutsu. Connaître et apprendre les Lois naturelles qui se cachent derrière les formes permet au pratiquant de répondre correctement à toute situation. Cela est valable au Dôjô mais doit être appliqué quotidiennement en dehors des cours.

L'attitude d’ouverture et la capacité d'adaptation de I'élève doivent être permanentes. La vie est pleine d'enseignements pour celui qui sait interpréter les événements. C'est pourquoi, pendant le salut en début et en fin de cours, nous répétons la phrase suivante:"Shikin Haramitsu Dai Ko Myô". Qui pourrait se traduire par : "dans toute expérience il y a un enseignement à tirer".

Le Ninpô Taijutsu a pour expression le Juppô Sesshô. Arnaud Cousergue Shihan du Bujinkan

«Le Ninpô Taijutsu cherche la fusion du corps et de l’esprit pour la construction de l’être et l’abandon du paraître, en adaptation permanente à l’environnement ». Masaaki Hatsumi